Sous le Haut patronage de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), avec l’appui du Diocèse de Rottenburg-Stuttgart, l’Institut Panafricain Cardinal Martino pour l’Enseignement Social de l’Eglise (IPCM) a organisé un atelier de formation à l’intention des femmes de la Province ecclésiastique de Kinshasa du 10 au 12 mars 2021 sur le campus de l’UCC Mont-Ngafula.
Cet atelier avait pour
objectifs :
1.
De sensibiliser les femmes sur les questions de
la bonne gouvernance et de la saine gestion de l’environnement tant au niveau
de leurs communautés locales qu’au niveau provincial et national ;
2.
De faire d’elles des actrices dans le processus
de prise de conscience et de changement de mentalité en rapport avec le problème
d’insalubrité, de gestion des déchets et de mauvaise gouvernance ;
3.
De susciter
une solidarité et un transfert d’énergies de développement ;
4.
D’éveiller leur conscience sur leurs droits, leurs
potentialités et la nécessité de leur engament pour l’avenir meilleur de la
société à la lumière de la doctrine sociale de l’Eglise ;
5. D’aiguiser en elles un esprit critique envers les pesanteurs socio-culturels et les coutumes qui avilissent l’image de la femme et empêchent son épanouissement complet dans la société.
Tout a commencé par les cérémonies d’ouverture officielle de l’Atelier. Après la prière d’ouverture dite par le prof. Abbé Liévin ENGBANDA (Secrétaire Général Académique de l’IPCM), ont suivi trois prises de parole : le mot de bienvenue du Prof. Abbé Jules MUANDA (Directeur Général de l’IPCM) ; le mot de circonstance du Prof. Abbé Léonard SANTEDI, Recteur de l’Université Catholique du Congo et le mot d’ouverture solennelle de son Excellence Mgr Marcel UTEMBI, représenté par l’Abbé Georges KALENGA, deuxième secrétaire Général Adjoint de la CENCO.
Notons que l’Atelier a connu au total six conférences-débats et des séances de travaux en Ateliers.
PREMIER JOUR
Intervenant en première position, l’Honorable
Christelle MVUANGA a traité de la question de la « mauvaise gouvernance en
RDC : Etats des lieux et impacts
sociaux ».
Dans son intervention, l’oratrice a évoqué deux points essentiels ; à savoir :
1. la priorité de la bonne
gouvernance est le bien-être des populations autochtones ;
2. ses principes sont : la responsabilité (assumer ses actes, prendre des décisions de bien rémunérer les fonctionnaires, etc.), la transparence (informer les citoyens sur la gestion de la chose publique), l’Etat de droit (la loi est au-dessus de tout le monde) et la participation citoyenne à la gestion.
Le professeur Arlette MASAMUNA (UPN-UCC)
a donné sa conférence sur : « Le rôle éducatif de la femme dans la
gestion de l’environnement en RDC ». En préliminaire, l’oratrice, s’appuyant
sur le message adressé par le Concile
Vatican II aux femmes, a considéré son intervention comme une occasion propice
de responsabilisation et d’engagement des femmes dans le pari de la
conservation de l’environnement. Dans cette optique, trois idées fortes ont
constitué le soubassement pour la suite de son développement :
·
La femme est l’éducatrice universelle, sa démission
de ce rôle implique l’effondrement de la société ;
·
La protection de l’environnement est une affaire
de tous et surtout de toutes, car les femmes sont les plus exposées au regard
des problèmes environnementaux ;
·
Un environnement sain pour un vécu meilleur.
Le professeur Sylvain BADIBANGA (UCC) a axé son intervention sur « la mission de la femme dans le projet de Dieu : un regard sur les Ecritures et sur le Magistères de l’Eglise ». Le professeur a commencé par révélé à son auditoire que la bible est au féminin et tout ce qui dans la bible donne ou porte la vie (nom de villes, nations, etc.) est au féminin. Dans cette optique, le conférencier s’est inscrit en faux contre toutes les lectures fondamentalistes, simplistes, voire erronés qui n’évoquent que des textes qui présentent un côté négatif de la femme. Pour illustrer son propos, ce chevronné vétérotestamentaire a analysé de manière simple deux textes bibliques : Exode 1, 8-2, 1-10 (récit de la naissance de Moïse) et Jean. 4, 1-42 (récit de la femme samaritaine.
DEUXIEME JOUR
Première conférencière de la deuxième journée, Madame Catherine ODIMBA (ONU-Femme) a traité du thème de : « la femme de la RDC, actrice de la bonne gouvernance : Défis et perspectives ».
La conférencière a posé quelques
préalables :
·
La connaissance des règles, des mécanismes et de
leurs droits par les femmes. En effet, le constat est que les femmes ignorent
souvent les règles, les mécanismes et les jeux des acteurs ;
·
Le leadership : Pour renverser la situation
des femmes aujourd’hui, le leadership féminin est nécessaire sur tous les plans
(politique, économique, social, etc.) ;
·
Education : Par le biais de l’éducation, il
importe de faire rupture avec certains stéréotypes socio-culturels qui
relèguent la femme au second plan.
Outres les
préalables, Madame Catherine a esquissé quelques perspectives pour le bien de
la femme et sa participation réussie à la bonne gouvernance :
·
Encourager les femmes à se laisser former, à apprendre
par le biais de la lecture et à affronter les situations difficiles de la vie ;
·
Faire des alliances avec des hommes ;
·
Inciter les femmes à avoir confiance
elles-mêmes ;
·
Changer de comportement ;
·
Briser des stéréotypes figés sur la femme ;
·
Déprogrammer les femmes des schèmes rétrogrades
qui pèsent sur elles ;
·
Transmettre l’énergie de changement.
Le Professeur Sœur Micheline ASOBE (UNIKIN) est intervenue en deuxième position sur « l’éducation de la jeune fille congolaise, avenir de la société de demain ».
L’oratrice a insisté sur le rôle
fondamental que doit jouer la femme pour l’avènement des comportements
écologiques nouveaux et respectueux de l’environnement. D’où l’importance de
l’interpellation et de la conscientisation, qui passent par l’éducation à trois
niveaux :
·
Education à l’environnement individuel et familial.
Cette éducation touche au logement, à la propreté, aux questions d’insalubrité,
à l’architecture. Ici, l’oratrice a vraiment mis en exergue le rôle de la femme
dans l’acquisition de cette formation ;
·
Education à l’environnement social : Elle
touche à nos milieux de vie, à la gestion et au drainage des eaux, au
gaspillage, etc. ;
·
Education à l’environnement à l’école :
Elle concerne entre autres : la qualité des bâtiments, les facteurs d’apprentissage
comme la propreté et l’inscription dans les programmes des cours des questions
liées à l’environnement.
Le prof. Patience NGELINKOTO
(UPN), chimiste de formation a axé son intervention sur la « femme de la RDC, actrice de la bonne
gouvernance : Défis et perspectives ».
Son exposé a comporté cinq points : le contexte, le problème, les impacts, Que faire et conclusion. Au sujet du contexte, Professeur Patience a parlé du capital naturel. La nature a été créée par Dieu et il l’a confiée à l’homme pour sa gestion. Ayant été en harmonie (adaptation avec l’environnement) avec la nature, l’homme a tiré d’elle sa subsistance et celle-ci, lui a en plus rendu d’énormes services pour sa survie. Mais le problème est venu quand l’harmonie entre l’homme et l’environnement a disparu. L’auteur de cette disparition est l’homme à cause de ses activités anthropiques. L’homme devient ainsi ennemi de la nature à cause de la production et surtout la mauvaise gestion de déchets ; l’exploitation désordonnée des ressources minières ; le feu, etc. Ces problèmes posés par l’homme ont des impacts, notamment : la réduction de la perméabilité du sol, la perte de l’esthétique, la perte de la biodiversité, la pollution des cours d’eau, les effets néfastes sur la santé, la perte de la dégradation naturelle par la disparition des lombrics, etc.
Au regard de cette situation
désastreuse, la conférencière a proposé :
·
le changement de mentalité et
comportement ;
·
la prise de conscience comme processus interne
de transformation qui réveille la conscience sur sa propre réalité, ses valeurs
et ses croyances, etc. ;
·
réduire le plus possible l’usage des plastiques ;
·
recycler les bouteilles en plastique ;
·
Eviter d’utiliser les emballages sachets ou
plastiques pour la cuisson des aliments ou la conservation/consommation des
aliments chauds (étant des dérivés du pétrole, ces emballages sont dangereux
pour la santé).
Pour la
gestion des déchets, la conférencière a proposé un schéma à suivre, qui a pour
étapes : collecte des déchets, tri des déchets, transport, traitement et
élimination des déchets et la valorisation de déchets. Dans cette optique de
valorisation de déchets, la conférencière a proposé deux possibilités : la
production des biogaz et la restauration des sols appauvris. Pour conclure,
l’oratrice a indiqué que la mauvaise gestion de l’environnement influe
négativement et directement sur le cadre de vie des citoyens. D’où, il importe
de protéger l’environnement et d’avoir des gestes, des attitudes et des
pratiques qui inspirent une bonne saine gestion de l’environnement. Pour ce faire, les femmes doivent croire en
leur force de changement et d’éducation qui tire son origine, non seulement
dans la tête, mais aussi dans le cœur. Avec la tête et le cœur, les femmes ont
un réel pouvoir de changer les choses.
RECOMMANDATIONS
A l’issue des travaux en atelier et au regard des questions posées aux
participantes, il ressort quelques recommandations qui ont été
formulées aux décideurs politiques au niveau national, provincial et
local ; à l’Eglise ; à l’IPCM, à la société civile et aux mamans
elles-mêmes.
Aux décideurs
politiques :
·
Entreprendre des réformes du système
éducatif pour favoriser l’égalité des chances entre les filles et les
garçons ;
·
Sensibiliser et veiller au respect des droits de
la femme ;
·
Aider la femme à accéder dans la sphère de prise
de décisions ;
·
Organiser les élections locales en vue de permettre
aux femmes d’accéder aux fonctions politiques ;
·
Créer un mécanisme favorisant l’accès facile des
femmes aux crédits et au fond d’autonomisation sans trop de contraintes et des
risques y afférents ;
·
La mise en application effective de la loi sur
la parité dans tous les secteurs et à tous les niveaux.
A l’Eglise :
·
Mettre sur pied une ligue des religieuses
juristes pour réfléchir sur des questions spécifiques liées aux droits de la
femme et aux lois injustes et contraires à la moralité chrétienne ;
·
Veiller qu’au sein de l’Eglise qu’il n’ait pas
de comportements discriminatoires et subversifs.
A
l’IPCM :
·
Accorder aux autres provinces ecclésiastiques
l’opportunité de bénéficier de cette formation ;
·
Associer un expert dans le domaine de la
nutrition quand il s’agira d’aborder une thématique de ce genre aux prochains
ateliers de formation ;
·
Mettre à la disposition des participantes un
document final sur les résolutions prises lors de cet atelier de formation par
voie électronique ;
·
Créer un groupe WhatsApp de partage d’expériences pour les participantes et autres.
Aux
femmes ayant participé à cet atelier de formation :
·
Travailler en synergie en vue de mener des
actions de plaidoyer auprès des autorités politiques et religieuses sur le
respect des droits de la femme ;
·
Etre dynamiques, proactives sur des questions
liées à l’écologie (éco-citoyenne) ;
·
Prendre en main la responsabilité éducatrice en
apprenant à leurs enfants la bonne gestion des déchets des ménages (parler des
méfaits des matières en plastiques et de ses conséquences sur l’environnement
et la santé humaine, etc.) ;
·
Restituer d’abord à l’autorité ecclésiastiques
de leurs communautés respectives les connaissances acquises et en faire large
diffusion aux communautés périphériques (droit de redevabilité) ;
·
Planifier un programme de formation sur la bonne
gouvernance et la saine gestion de l’environnement dans les groupes de vie au
sein des paroisses (CEVB, Groupe KA, Chorales, etc.) ;
·
Favoriser l’échange d’expériences en constituant
un groupe actif dans les réseaux sociaux ;
·
Travailler en synergie avec la société civile
pour le suivi et la surveillance des politiques gouvernementales.
A
la société civile :
·
Lutter contre les préjugés et les stéréotypes
discriminatoires à l’égard de la femme ;
·
Lutter contre les coutumes rétrogrades en
défaveur de la femme ;
·
Encourager la gente masculine à œuvrer dans la
promotion de la femme ;
·
Autonomiser la femme en lui accordant l’accès
aux crédits bancaires ;
·
Renforcer les capacités des femmes sur les
questions électorales, de leadership etc.
TROISIEME JOUR
Le dernier jour a été consacré à la cérémonie de clôture par les mots de l’Abbé Jules MUANDA, Directeur Général de l’IPCM ainsi que la remise des certificats aux participantes.